Evasion ft Olive Cardigan

Danner marchait dans la nuit. Cela avait tendance à le détendre. L'air frais combiné à la pâle lumière d'une lune morne calmait les tensions toujours grandissante d'une journée affolée. La nuit, tout était plus calme, et participait d'un autre monde. Une rue qui appartenait aux gens de biens et aux commenrçant un jour se retrouvait terrain de jeu pour des gangsters armés ayant une forte envie d'en découdre violemment. Des places abandonnées par le monde se retrouvaient places centrales des échanges et discussion de cet autre monde qu'est la nuit. Les gens y changaient, toujours de manière radicale. L'assuré devenait fuyant, cachotier, alors que l'homme discret et apeuré devenait maitre en son domaine, bombant le torse et montrant les crocs.

Bref, des endroits intéressants où s'aventurer, et un peuple intéressant à regarder. La nuit, personne ne vous entend crier, mais personne ne vient vous faire chier dessus.
Tournant à droite dans une ruelle, le Corbeau repéra une bande de types bien décidés à chercher la bagarre, présent presque comme s'ils répondaient à sa description mentale de la nuit. Esquissant un sourire, Danner s'arrêta, s'adossant contre le mur à côté d'une fenêtre à barreaux. Il n'avait pas envie de se battre ce soir. Ou du moins, pas envie de provoquer une esclandre violente. Au mieux, ils passeraient leur chemin. Au pire, ils viendraient le chercher et l'emmerder. Bah. Danner n'avait pas réellement peur d'eux, mais bon, vient un jour où prendre des coups et en rendre derrière perd un peu de son attrait. Ca revient vite, en général, mais quand même.

Feignant l'indifférence, Danner inspecta le bâtiment contre lequel il s'était adossé et frissona. Un orphelinat. Merde. Ce genre d'endroit lui foutait le bourdon, comme on disait dans le temps. Il avait déjà eut dans l'envie d'en abattre les murs, mais il avait su se réfrener. Ces endroits étaient, par toute définition, horribles, mais il ne pouvait non plus les annuler ainsi. Après tout, il n'allait pas pouvoir s'occuper lui même de tous les gamins présents là-dedans, et beaucoup finiraient par crever de froid dans les rues, un des rare sort moins enviables que la vie de ce bâtiment.
Donc, emplie de tristesse, il projetait sans jamais rien faire. Parce qu'à moins d'un changement drastique dans son patrimoine immobilier ou dans sa capacité à influer sur les décisions du gouvernement, il ne pouvait rien faire. Triste aveux de faiblesse s'il en est.

Curieux, il jeta un coup d'oeil à travers les grilles. Bah, les marmots devaient être couchés à cette heure là. Peut-être repasserait-il un de ces jours. Après tout, il ne pouvait tous les libérer, mais un ou deux décidés à sortir et sachant s'en sortir... ça pourrait le faire, tient.